Mike Patton n’en est pas à son premier projet improbable. Et il n’y a rien de surprenant à voir le nom du génial cerveau azimuté et protéiforme de Faith No More, Fantômas, Tomahawk ou bien encore Mr. Bungle accolé à celui de Jean-Claude Vannier, personnage à part du paysage musical français, auteur-compositeur-arrangeur pour des épées nommées Barbara, Claude François, Jacques Higelin, Alain Bashung, Michel Polnareff, Claude Nougaro, Juliette Gréco et surtout Serge Gainsbourg avec qui il composa le mythique Histoire de Melody Nelson. Entre 1975 et 1990, Vannier publia même une demi-douzaine d’albums de chansons mélancoliques qui ne lui permettront malheureusement jamais de décrocher la lune mais lui offriront un joli cercle d’aficionados.
C’est justement autour d’un hommage à Gainsbourg que le Californien et le Français se sont rencontrés en 2011. Huit ans plus tard, ils gravent dans la cire leur amitié artistique superbement baroque et éblouissante. Un ovni discographique inétiquetable mêlant chanson pure, pop et vraie fausse musique de film tractée par des cordes jamais grandiloquentes. Logiquement, les orchestrations de Vannier, éclectiques au possible, sont à tomber ; alternant entre raffinements épurés et flamboyances romantiques. Des paysages sonores à tiroirs dans lesquels Patton n’a qu’à faire glisser sa voix élastique, intense et profonde. A l’arrivée, Corpse Flower est une création à l’état pur ne ressemblant à aucune autre, une symphonie de mille sons, sans œillère. Etonnant. © Marc Zisman/Qobuz