Troisième album du rappeur canadien Nav, Good Intentions suit d’un an Bad Habits, avec un casting pour le moins alléchant : Young Thug, Future, Travis Scott, Lil Uzi Vert, Pop Smoke, Gunna, Don Toliver ou encore Lil Durk viennent tous en effet donner de la voix aux côtés du natif de Rexdale dans l’Ontario et de son armée de producteurs emmenée par The Weeknd.
Si Good Intentions est probablement le meilleur album de Nav à ce jour, il n’en souffre pas moins de quelques faiblesses, malgré une production à la hauteur des canons hauts de la trap contemporaine. Premier single, « Turks » bénéficie de l’expérience de Wheezy et propose un beat lourd et lancinant à souhait, mais le flow de Nav est quelque peu stéréotypé et les participations de Travis Scott et Gunna, anecdotiques, ne tirent jamais la chanson vers le haut. Idem pour « My Business », flot de vantardises maladroites qui ne font que mettre en évidence sa tendance dangereuse à écrire facilement des raps bourrés de clichés : il aime la drogue, contemple sa montagne d’argent et clame à qui veut l’entendre qu’il ne faut surtout pas faire confiance à la gent féminine. Il n’hésite d’ailleurs pas à faire montre de toute sa considération pour cette dernière quand il avoue dans le vain « She Hurtin » ses réelles intentions vis-à-vis de sa nouvelle petite amie : rendre son ex éperdument jalouse.
Aimant parler de lui à la troisième personne, Nav multiplie les flatteries à son égo, que ce soit dans l’étriqué « Brown Boy » où il prend la peine de se confier à ses fans sur la taille de ses bagues, ou sur le navrant « Did You Wrong », dans lequel il revient une nouvelle fois sur la difficulté d’avoir « trop d’options » sur le plan sentimental. Finalement, ce qui semble faire la moelle de ce Good Intentions, ce sont souvent les invités : Young Thug apparaît à deux reprises et éclipse totalement Nav quand Lil Uzi Vert lui vole pareillement la vedette en un seul couplet sur « Status ».
Good Intentions s’achève sur le paresseux Proud of Me, qui laissera l’auditeur sur sa faim, méditant philosophiquement sur les titres des deux derniers opus de Nav : de « bonnes intentions » sont-elles nécessairement influencées par de « mauvaises habitudes » ?
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