Le chef d’orchestre György Vashegyi et ses ensembles, l’Orfeo Orchestra et le Purcell Choir, maîtrisent les différents domaines de la musique baroque et classique, avec une prédilection particulière pour l’opéra baroque français. Mais l’une de leurs lignes de travail préférées est la musique sacrée luthérienne, et un bon exemple en est cette belle œuvre, "Wer ist der, so von Edom kömmt", un pasticcio d’époque avec des pièces de divers compositeurs. Graun, compositeur de cour de Frédéric II, très admiré de ses collègues contemporains, côtoie ici Telemann et Jean-Sébastien Bach, ainsi qu’un mystérieux inconnu, auteur de plusieurs des passages les plus impressionnants de l’œuvre.
Il s’agit en fait d’un Oratorio de la Passion, une réflexion sur les évènements relatifs au martyre du Christ à partir de textes librement choisis sans suivre un Évangile précis et sans convoquer sur une scène imaginaire les personnages habituels du drame. L’originalité de ce patchwork réside aussi dans la distribution du texte où – contrairement à de nombreuses Passions de l’époque – les évènements des derniers jours de la vie de Jésus sont relatés par les chorals flottant dans l’atmosphère méditative des récitatifs, arias et chœurs. Ces chorals sont impressionnants, surtout dans la deuxième partie : la densité de l’écriture, les harmonies dramatiques uniques, l’arrangement des voix sont d’une qualité si exceptionnelle que leur auteur pourrait être Jean-Sébastien Bach lui-même... que l’auteur de l’essai inclus dans le livret, Gergely Fazekas, désigne également comme le compilateur possible de ce chef-d’oeuvre. © Glossa