Totalement impossible de ne pas abattre le mot « phénomène » à l’évocation de ce Joey Alexander. Onze ans ! Oui onze années seulement passées sur terre pour ce pianiste indonésien tombé du berceau qui signe avec My Favorite Things son premier album. A se demander si aucune expérience biologico-chimico-nucléaire n’avait pas été tentée dans le ventre de sa mère pour que le garçon aborde son instrument avec autant de virtuosité à un âge si précoce… Mais au-delà du côté « enfant prodige », c’est le naturel enveloppant cet opus qui bluffe le plus. Découvert par un certain Wynton Marsalis, Joey Alexander évolue ici en duo et en trio avec notamment Larry Grenadier, l’excellent contrebassiste de Brad Mehldau, et apporte une touche personnelle à des standards géniaux mais mille fois interprétés comme Lush Life, Round Midnight, I Mean You, My Favorite Things ou bien encore It Might As Well Be Spring. Les trois musiciens développent surtout une conversation dense. Comme des échanges complices et virtuoses entre vieux routiers. Jamais téléphonées, les improvisations d’Alexander impressionnent par leur grand naturel et surtout par l’espace que le jeune pianiste n’oublie jamais d’intégrer. Imposer autant de vision dès son premier album et à cet âge-là ! Une sacrée découverte. © MD/Qobuz