En enchaînant pas moins de 17 titres calmes et poétiques, ce Nocturne ressemble à une longue odyssée dans laquelle Vangelis/Ulysse reviendrait sur son île de prédilection : des terres où seule la mélodie à l’état pur dicterait sa loi. Parmi ces phrases amples jouées au piano par l’intéressé, on trouve quelques airs déjà connus, tels que les thèmes cultissimes de la BO de Blade Runner de Ridley Scott, et celui, non moins célèbre, de Chariots of Fire. Dépouillée de son habituelle rythmique conquérante, et pourvue désormais d’un tempo lento, cette dernière mélodie acquiert ici une sérénité totale, comme si le compositeur voulait mettre un point final paisible au périple d’un air qui a fait le tour du monde durant quarante ans. Sans doute (un peu) moins connues, la BO du documentaire L’Apocalypse des animaux et celle de 1492: Conquest of Paradise parachèvent ce court panorama d’une carrière souvent couronnée de succès dans les salles.
Les autres morceaux de l’album sont originaux et ils sont, d’après Vangelis lui-même, placés sous le signe « de la science, de l’histoire et des explorations ». Malgré cette inspiration qu’on qualifierait au premier abord de rationnelle, c’est l’onirisme le plus total qui semble régir des pistes comme To a friend, Sweet Nostalgia ou bien le splendide Early Years. Ajoutons que le piano du musicien est entouré d’un halo synthétique continuel, ce qui donne à l’album l’aspect d’un vaisseau naviguant sans heurts sur une mer vaporeuse. Pour Vangelis, la science et le rêve marchent main dans la main, et c’est cette réunion parfaite qui rend ce Nocturne si fascinant, voire hypnotisant. ©Nicolas Magenham/Qobuz