Le jeune producteur français Aärp ne pouvait pas tomber mieux. Eminemment politique, son premier long-format Propaganda, qui paraît sur l’estimé label InFiné, résonne forcément avec le mouvement né après la mort de George Floyd et les manœuvres de dilution du président américain. A l’origine de cet album, il y a pourtant une affaire franco-française, la campagne médiatique qui a suivi la mort du jeune Steve lors de la Fête de la musique à Nantes en 2019, et qui a permis d’exonérer les autorités de leurs responsabilités selon l’artiste. Mais Aärp, qui jouait de l’alto dans sa jeunesse, vise large avec cet album, qui saute de George W. Bush à Saint-Just en passant par le glyphosate ou le scandale des opioïdes. Un sous-texte retransmis à travers des arabesques electronica/IDM, logique pour cet inconditionnel de Squarepusher, Amon Tobin et Oneothrix Point Never. Entre le sublime incipit Ça fuit de partout, du Satie électronique, et le final psychédélique Les malheureux sont les puissances de la Terre (une citation de Saint-Just), Aärp livre un album rempli d’émotion, de contemplation, et propice à l’introspection et à se poser des questions, sans doute son réel objectif. © Smaël Bouaici/Qobuz