Une des ultimes – et parmi les plus intéressantes – œuvres de Telemann est la cantate dramatique Ino pour soprano et cordes, deux flûtes et deux cors, écrite quelque deux ans avant sa mort en 1767, et dont on ne sait pas même s’il l’entendit jamais de son vivant. Il semble attesté que Carl Philipp Emanuel Bach en mena une exécution à Hambourg en 1768. Le sujet reprend là où s’arrête Semele de Haendel : la sœur de Semele, Ino, est poursuivie par Athamas décidé à tuer le fils d’Ino, Mélicerte. Sur le point d’être saisie par son poursuivant, elle se précipite d’une falaise dans les flots avec Mélicerte. Tandis que les tritons dansent, Ino est métamorphosée par Poséidon en la déesse Leucothée. Loin des habituelles cantates avec interminables récitatifs, Telemann déroule ici un langage d’une intense continuité, avec des récitatifs accompagnés par l’orchestre au lieu du simple continuo, et surtout des arias d’une grande puissance dramatique. Au milieu de la cantate s’insère la danse des tritons, au style galant cher à l’époque. Ino est chanté en allemand. L’ensemble La Stagione de Francfort poursuit l’album avec l’ouverture TW55-D23, dont le manuscrit autographe est daté de 1763. En fait d’ouverture, il s’agit bien naturellement d’une ample suite de danses « à l’ancienne », avec menuet, sarabande, passe-pied etc. Telemann fait appel aux cordes ainsi qu’à deux flûtes traversières. Une pièce d’une grande finesse. © SM/Qobuz