The Rodeo traverse l’Atlantique : la pop folk d’inspiration nord-américaine à laquelle la chanteuse du groupe, Dorothée Hannequin, nous avait habitués dans ses deux premiers albums est mise ici au placard, afin de laisser la place à une variété élégante, très française et, comme toujours avec elle, résolument 60's. On comprend mieux désormais pourquoi elle cite sans cesse les mélodies lyriques et alambiquées de Michel Legrand comme une source d’inspiration essentielle. Et comme Dorothée ne fait pas les choses à moitié, toutes les paroles sont écrites dans la langue de Molière, pour des chansons évoquant le voyage (Calypso), la nostalgie (Que ma mémoire vive), ou bien les amours défuntes (Cher Ami). D’autres prennent la forme de petits scénarios étranges, à la limite du fantastique (Cryogénie et le slow Cadavre exquis). The Rodeo n’oublie pas non plus de porter certains messages sur l’état du monde contemporain : Dans Ivre d’amour, elle se demande où va le monde, dans une chanson qui rappelle une certaine chanson de Serge Reggiani : (« Que deviendrons-nous ?/J’entends les loups devenir fous »). Ce constat désenchanté contraste avec la production généralement pétillante et électro-pop de l’album, mais aussi avec le timbre langoureux, bienveillant et quasiment enfantin de Dorothée, laquelle prouve avec ce Thérianthropie Paradis qu’elle peut s’adapter avec une facilité déconcertante à toutes les cultures. ©Nicolas Magenham/Qobuz