Avec Virus, son sixième album studio, le groupe de metal progressif britannique Haken complète l'excellent Vector, sorti en 2018. Les deux disques étaient dès le départ pensés comme un double album ; certains matériaux ont été enregistrés en même temps et mis de côté pour leur donner le temps de maturer et servir ainsi Virus. La présence du personnage du Cockroach King, déjà vu en 2013 sur The Mountain, peut même faire penser à un triptyque.
Ici, Les Londoniens délivrent une performance plus brutale mais paradoxalement plus accessible, ce qui fait partie de leur ADN. Un chaos maîtrisé, presque à la Young Gods, dans lequel le heavy metal flirte avec le deathcore, le metal alternatif, des ambiances plus pop ou jazzy, dont les sursauts servent le récit. On a rarement vu Haken déployer autant d'éléments metal extrêmes, sans oublier les nombreuses facéties instrumentales presque hors de propos, toutes excusées par la dextérité des Anglais. Devant le génie de l'exécution, il n'y a qu'à s'incliner. Nul doute que les 17 minutes des cinq titres estampillés Messiah Complex resteront longtemps dans les mémoires tant pour leur technicité que pour la quantité de références aux deux précédents albums. Cette nouvelle pièce du puzzle hakenien rendrait presque nostalgique, puisqu'elle semble clore un chapitre important de leur vaste mythologie. L'attente autour du prochain album s’annonce démesurée. © Maxime Archambaud