Ce vingtième album de Deep Purple s'accompagne d'une sensation gênante au terme de son écoute, celle que les musiciens britanniques répètent à l’envi et à la limite de la caricature une formule musicale éprouvée pendant plus de quatre décennies. Une guitare omniprésente et les rugissements d’un orgue Hammond à jamais orphelin de son maître Jon Lord, il n’en faut pas plus à Infinite (2017) pour embarquer l’auditeur dans l’univers de Deep Purple dès ses premières mesures.
L’amour de la musique guide sûrement le groupe sur un titre aussi bien balancé que « Johnny’s Band », mais plus loin le single « Time for Bedlam » déçoit par son manque de rythme et d'énergie, son rock amputé de roll. Ce double visage, Deep Purple l’arbore tout au long d'Infinite, pas foncièrement mauvais, mais bancal au possible. Suffisamment pour considérer qu’il s’agit d’un gâchis au vu de la prestigieuse collaboration à la production de Bob Ezrin, notamment vu aux côtés de Kiss, Aerosmith, Pink Floyd ou Alice Cooper. Si l’illustre producteur canadien est aux manettes, c’est qu’il avait déjà collaboré avec succès avec le groupe sur son précédent recueil Now What ?! et que pour rester fidèle à l’adage, mieux vaut ne pas changer une équipe qui gagne.
Une chose est certaine : le mixage d’Infinite est impeccable et les musiciens exécutent leurs parties avec maestria, qu’il s’agisse du batteur Ian Paice, de Don Airey au clavier ou de Steve Morse à la guitare. Certains morceaux tels que « All I’ve Got Is You » ou le très progressif « Birds of Prey », avec son final époustouflant voire « The Surprising », sont terriblement addictifs. Mais Ian Gillan ne possède plus sa voix perchée d’antan et si le fan de Deep Purple est en droit de jouer les nostalgiques, il lui sera fort agréable constater que le chanteur utilise désormais son organe avec une intelligence démoniaque.
Alors bien sûr, certains tempi manquent un peu de souffle, quelques morceaux ne tiennent pas vraiment la distance mais l’esprit du glorieux Deep Purple s’invite sur des titres tels que « Hip Boots », sans bien sûr en atteindre les sommets. Mais l’envie de bien faire et un jeu jubilatoire sans jamais être trop démonstratif sont suffisamment présents tout au long de l'album pour apporter un vent de fraîcheur.
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