Plus de quinze ans après Turn On the Bright Lights, coup de génie de l'année 2002 et chef-d’œuvre du revival postpunk, le quatuor Interpol devenu trio revient avec Marauder. Depuis Antics, les New-Yorkais avaient égrené deux albums passables Our Love to Admire, Interpol et le séduisant El Pintor, sans Carlos D., qui revenait à leurs premières amours. Long, parfois creux, ce dernier effort amputé de moitié serait tout aussi consistant. Malgré une première frange à tendance pop parfaitement délébile (Mountain Child, Stay in Touch, Flight of Fancy), on y retrouve ce « son Interpol » (The Rover) et, en clôture, les expressifs It Probably Matters et Party’s Over. Deux respirations dans l’opus, Interlude 1 et 2 servent d’hommage à Turn On the Bright Lights et ses étranges Obstacle 1 et 2.
Les intéressés y trouveront leur compte puisque Banks y révèle un aspect autobiographique. « J'ai l'impression que maintenant, je peux romancer des parties de ma propre vie. » Là encore, Interpol a soigné la production. Suivant les pas d’Our Love to Admire ou Interpol avec Alan Moulder, le groupe s’est entouré de Dave Fridmann, ancien Flaming Lips et Mercury Rev, mais surtout producteur émérite. Si l’on sait qu’Interpol peut exister sans Carlos D., on se demande s’il est capable de varier la formule. © Charlotte Saintoin/Qobuz