C'est un silence long de cinq années seulement interrompu par la publication de deux compilations, une de son ancien label (The Collection) et une autre après le rachat d'EMI par Warner (Best of Mariza), qui a précédé la sortie de ce nouvel album entièrement original de Mariza. Cinq ans après Fado Tradicional, qui voyait la chanteuse reprendre avec réussite et dans l'esprit le plus épuré, des compositions de divers âges, Mundo est une porte ouverte sur le monde lusitanien en quatorze étapes transcendant les styles et les époques.
Pour ce nouveau voyage, la reine contemporaine du fado s'est associée au guitariste et compositeur Javier Limón, détenteur de plusieurs Grammy Awards, qui avait déjà participé, aux côtés de musiciens venus d'horizons divers, au succès de l'album Terra (2008), dont Mundo se démarque par un accompagnement local et traditionnel.
Avec pour point de départ « Rio de Magoa », fado de style classique porté par une interprétation dramatique propre au genre et la guitare portugaise de José Manuel Neto, le recueil se diversifie et quitte Lisbonne pour croiser d'autres ports d'attaches au Cap-Vert, en Espagne ou en Argentine, avant le retour aux sources.
Le tour du monde musical de Mariza n'est pas exempt d'émotions au passage d'« Alma », où la voix se fait plus douce pour interpréter la composition du producteur, sortant pour l'occasion sa guitare flamenca, ou très expressive pour celle de Pedro da Silva Martins, « Saudade Solta », bercée par les choeurs. Après le tango-fado « Maldiçao » de Marceneiro arrive un grand moment avec l'hymne « Padoce de Céu Azul », partiellement chanté en anglais, puis « Caprichosa », immortalisé en 1930 par Carlos Gardel, et l'exquise ballade « Paixao », signée Jorge Fernando.
Merveilleux de bout en bout, Mundo convoque également les esprits de Paulo de Carvalho pour « Missangas », de Rui Veloso pour « Meu Amor » ou encore du poète Cabral de Nascimento, dont les vers d'« Adeus » sont mis en musique par Pedro Joia. À travers la voix de Mariza est aussi présente l'ombre de son aînée Amália Rodrigues, dont elle est l'incarnation moderne.
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