Ce second album de Papooz (après Green Juice et son tube Ann Wants to Dance ? en 2016) est un exemple parfait de l’alchimie particulière qui infuse tant d’albums pop depuis la nuit des temps, ce mélange si singulier et séduisant de mélancolie (des textes) et d’euphorie (de la musique). L’exemple le plus emblématique de cet état d’esprit est sans doute About Felix, chanson poignante sur la mort prématurée du fils du réalisateur Claude Lanzmann. Sur d’élégants accords plaqués au piano, la mélodie est quasiment solaire, en contraste total avec les paroles. Entre la pop-funk tropicale (Downtown Babylone) et les standards de la grande variété anglophone 70's (le couplet très lennonien de You and I, ou encore les clins d’œil à Supertramp dans Good for Nothing), en passant par le ska (Undecided) et le soft rock (Danger to Myself), c’est donc une douce gaieté qui est le point central de la musique de l’album des parisiens Ulysse et Armand – autrement dit, une allégresse mâtinée d’une certaine nonchalance bienveillante.
Au fur et à mesure de l’écoute de cette collection de tubes potentiels, l’auditeur sera cueilli par sa production ultrachiadée et sexy, commise en collaboration avec Adrien Durand, la tête pensante de Bon Voyage Organisation (BVO). Enregistré au studio mythique de La Frette, Night Sketches s’octroie les services de « requins de studio » talentueux, tels que le batteur Wendy Killmann (BVO, Adrien Gallo), le bassiste Maxime Daoud (Forever Pavot, Ojard) et le saxophoniste Julien Cavard (BVO, Amadou & Mariam). Concernant ce dernier, soulignons son impeccable solo dans la dernière partie de la chanson qui clôt cet album, Night Sketches. Papooz : un groupe qui prend congé de son public avec une allure folle ! © Nicolas Magenham/Qobuz