C’est un peu grâce à Mozart que, de nos jours, l’on connaît le nom de Francesco Antonio Rosetti : lors d’une commémoration du divin Wolfgang en décembre 1791 retentit le Requiem de Rosetti. Ou, si l’on veut, le Requiem de Franz Anton Rösler, puisque le brave homme italianisa son nom bien qu’il ne mît jamais un pied en Italie : né en Bohème, il passa le plus clair de sa carrière de contrebassiste et de compositeur en Allemagne, avec une incursion de quelques années à Paris et possiblement quelques temps en Russie. Mais l’attrait de l’Italie ! Rosetti/Rösler fut un quasi-contemporain de Mozart, puisqu’il naquit six ans avant lui et s’éteignit à peine six mois après ; on ne s’étonnera donc guère de certains évidents parallélismes entre sa musique et celle de son illustre collègue. On lui doit quarante-trois symphonies, vingt-quatre concertos pour un ou deux cors (on ne s’étonnera pas de la prépondérance de l’instrument dans les œuvres ici présentées), dix concertos pour basson, des dizaines d’autres concertos pour piano, pour clarinette, pour flûte, pour violon ou pour alto, des œuvres pour piano… Une courte vie extraordinairement remplie donc. On écoutera avec attention son sombre Concerto pour cor en ré mineur, une gageure pour l’instrumentiste qui doit ici user de tous les artifices en usage du temps de Rosetti pour réussir à jouer toutes les notes ! La Compagnia di Punto, fondée en Allemagne malgré son nom à consonance italienne (comme Rösler/Rosetti !) s’est fixé comme objectif « de transmettre dans le présent ce qu'il y d'actuel dans la musique ancienne. L’ensemble conçoit ses programmes de concerts comme la narration d'histoires. Afin d'ancrer profondément et largement ces histoires, la musique, scrutée jusque dans ses racines archaïques, est représentée dans de nouveaux cadres, souvent surprenants, ou, se reflète à la lumière de compositeurs contemporains. Ainsi, la Compagnia développe de nouvelles formes dramaturgiques de concert, rompt avec les limites formelles et crée un pont vers la littérature et le théâtre. » Tout un programme ! © SM/Qobuz