On est encore dans l’ère du mono, ici : sans doute s’agit-il, pour l’enregistrement du Baiser de la fée, de la version de 1947 avec le RCA Victor Symphony Orchestra à Los Angeles – car il en existe un de 1940 avec le Victor Symphony Orchestra (sans « RCA ») réalisé à Mexico. C’est que cet orchestre a une histoire cahoteuse ! Créé dès 1916 par le fondateur de la Victor Talking Machine Company, le Victor Orchestra devint le RCA Victor Orchestra lors de la fusion entre Victor et RCA, tout en gardant les deux noms au cas où il s’agissait d’enregistrer dans divers registres… Par ailleurs, il existait des orchestre RCA à New York, à Philadelphie, à Los Angeles et même à Mexico – le même nom, mais différents musiciens ! Quoi qu’il en soit, la RCA choisissait toujours parmi la fine fleur des instrumentistes dans chaque ville. À Stravinski, on offrait bien sûr des ensembles triés sur le volet, ainsi qu’en témoignent ces enregistrements. Outre Le Baiser de la fée et le Scherzo à la russe, ainsi que les Danses concertantes avec le RCA Victor Chamber Orchestra (encore un nom…) enregistrés la même année à Hollywood, le Concerto pour piano et instruments à vent – au piano le fiston Stravinski, Soulima S. –, pris en 1949 avec l’orchestre RCA Victor de New York. Et pour finir deux œuvres chorales, le Pater Noster et l’Ave Maria, enregistrés en avril 1949 à New York avec le Chœur de l’Église du Saint-Sacrement. Comme on s’en doute, les matrices originales – ou du moins les supports de la meilleure qualité possible – ont été soigneusement remastérisés pour ces rééditions : c’est le moins que l’on puisse attendre pour ces documents qui représentent la voix de leur maître... © SM/Qobuz