Dans le cas de Chris Brown, tout finit par arriver. Plus habitué à briller par ses nombreux hits que par l'intérêt artistique de sa production, Chris Brown se dévoile enfin en réalisant l'album que sa voix mérite. Au-delà des frasques du personnage, il faut bien reconnaitre que son timbre et sa tessiture vocale ont toujours été des atouts de haut niveau. C'est en revenant à ses racines R&B avec X qu'il obtient enfin justice.
Le changement est d'importance avec l'abandon du rap dance et de l'eurodance dont il avait fait son menu habituel. Place à un R&B inspiré qui va par moments jusqu'à évoquer le R&B violent d'un D'Angelo. Sur ce disque, Chris Brown semble libéré, comme si ses récents déboires personnels en tous genres l'avaient désinhibé. Le chanteur n'a, en revanche, pas perdu son sens du faste outrancier, et offre un disque long de dix-sept titres (vingt-et-un en version deluxe), parsemé d'invités de gros calibre.
On a droit à un régal absolu avec le crépusculaire « Drown in It », en compagnie de R. Kelly, puis à un savoureux duo avec Brandy pour « Do Better », ainsi qu'à « Loyal », tube avec Lil Wayne et Tyga faisant preuve d'une vraie originalité rythmique. On ne fera par contre pas l'effort de traduire les paroles de cette chanson dont la misogynie montre que Chris Brown n'a pas exorcisé tous ses démons. Heureusement, « Came to Do », avec Akon, ramène Chris Brown sur un strict plan musical pour ce rap R&B de choc.
On oublie trop souvent que Chris Brown a tout juste un quart de siècle, et que des débuts précoces ponctués de millions de disques vendus n'ont pas forcément aidé à son épanouissement artistique. Espérons alors que X marque le véritable départ de la carrière d'un artiste à qui on ne peut pas reprocher d'être trop lisse.
© Francois Alvarez / Music-Story