Le prolixe et très inspiré pianiste et aventurier sonore cubain Omar Sosa sort un nouvel album dans lequel il présente une nouvelle collaboration inattendue. Après avoir échangé des émotions fortes avec le trompettiste italien Paolo Fresu, le percussionniste indien Trilok Gurtu, le joueur de kora Seckou Keita ou le violoncelliste brésilien Jaques Morelenbaum, Omar Sosa a fait équipe avec sa compatriote violoniste et chanteuse Yilian Canizares. Il s’agit donc pour les deux artistes, accompagné par le percussionniste Inor Sotolongo, d’un retour à leurs racines profondes, celles de l’essence de leur identité et non pas celles de ce qui le plus souvent caractérise la musique de leur pays. Il ne s’agit pas ici de faire danser mais de donner à écouter, réfléchir et rêver. Adeptes déclarés de la mystique syncrétique d’origine yoruba santeria, les deux Cubains ont dédié cet album à Oshun, déesse de l’amour et maîtresse des rivières. L’eau (Duo de Aguas) est un symbole de vie dont ils pleurent la maltraitance occasionnée par l’homme et la pollution, mais évoque aussi la nostalgie qui sépare souvent les deux amis de leur pays. Leurs racines ne sont pas les deux seuls points communs, Omar Sosa et Yilian Canizares sont aussi des musiciens qui ont fait évoluer leur carrière sur les notes bleues du jazz. Le jazz ici est sans carcan, malaxé à partir des instruments fétiches des deux protagonistes auxquels s’ajoutent programmation numérique et samples. Fins improvisateurs et techniciens hors pair, leur musique déploie une gamme de sensations qui va de la méditation aux remous vertigineux, qui charment et donnent à l’auditeur un horizon neuf où tout semble possible. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz