Pour ses différents labels (Deutsche Grammophon, CBS, RCA, etc.), Michael Tilson Thomas défendit peu le répertoire de la Seconde École de Vienne. Ce nouveau programme publié par le San Francisco Symphony a donc valeur d’événement, d’autant que le chef d’orchestre américain s’illustre ici dans deux ouvrages fondateurs de la modernité du début du XXe siècle, les Trois Pièces pour orchestre (1914-1915) et le Concerto « À la mémoire d’un ange » (1935). C’est dans le triptyque orchestral des années 1910 que cet album restera précieux, tant la direction fluide de Michael Tilson Thomas établit un subtil et rare équilibre entre l’écriture fondamentalement nouvelle de Berg (dans les alliages de timbres) et le mouvement élancé des lignes encore teintées de ce Romantisme décadent hérité notamment de Gustav Mahler, et qui n’a pas encore totalement disparu dans cet opus : les musiciens extrêmement souples du San Francisco Symphony y sont impressionnants. En ouverture, Gil Shaham dans le Concerto pour violon : sa sonorité de soleil noir est un parfait compagnon dans cette œuvre guidée par l’influence de J. S. Bach. En milieu de programme, la soprano Susanna Phillips défend avec une grande ardeur les Sept Lieder de jeunesse, elle ferait merveille chez Korngold. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz