Pour son troisième album international – deux autres s’ajoutent à ce corpus, sortis uniquement dans son pays –, l’icône de la scène marocaine urbaine actuelle appelée Nayda fait équipe avec la oudiste et poétesse palestinienne Kamylia Joubran, qui assume la direction artistique. Dans Daba (maintenant), Oum El Ghaït Benessahraoui décline ses légitimes préoccupations écologiques, Chajra (« arbre »), Ha (« voici »), Yabhar (« océan »), son engagement féministe face au pesant patriarcat sur Kemmy (« toi ») ou évoque la violence de la condition des migrants sur Laji (« migrant ») et Temma (« là-bas ») en des termes poétiques chantés d’une voix claire et pénétrante.
Son chant profond danse sur des rythmes nés de la combinaison des lignes des percussions traditionnelles et d’une basse funky, et dialogue avec des cuivres jazz (bugle, trompette, saxophone) et un oud savant. Relevé de délicates ambiances atmosphériques zébrées de bruissements électroniques, Daba nous entraîne à travers les mirages d’un désert postmoderne, jalonné d’oasis contemporains. Le voyage inspire tour à tour la contemplation, la gravité ou la joie, sans jamais éteindre l’espoir d’une vie meilleure. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz