La nostalgie pour l’Ancien Régime prend depuis quelques années un essor sans pareil parmi le très riche vivier des musiciens français et étrangers. Si la musique était un des plus importants instruments du pouvoir de la monarchie absolue en France, elle était aussi fort goûtée à tous les niveaux de l’état et de l’aristocratie, à commencer par les souverains eux-mêmes. Le jeune Louis XIV était un excellent danseur et excellait aussi à toucher le clavecin.
Partant de ce postulat, Fabien Armengaud a construit cet intéressant album sur les traces d’Etienne Richard, compositeur, instrumentiste et, objet de cette parution, professeur du jeune roi de dix-neuf ans, lequel, semble-t-il, fut très admiratif de son maître. Les trois Suites d’Etienne Richard sont ici entourées de pièces contemporaines figurant sur le même manuscrit déposé à la Bibliothèque Nationale.
Enregistré sur un clavecin Alain Anselm, construit en 2014 dans l’esprit de la facture française de la fin du XVIIe siècle (au diapason de 392 Hz et accordé selon un tempérament mésotonique), ce manuscrit contient également des pièces éparses de Chabanceau de La Barre, Marin Marais, Jacques Hardel, Louis Couperin, Luigi Rossi et quelques autres. Mais laissons la parole à Fabien Armengaud : « Pour conclure, écrit-il dans les notes du livret, je ne dirai pas que Richard est un petit maître obscur. L’originalité de ses préludes, la poésie touchante de ses allemandes, la stature racée de ses courantes, la douce mélancolie de ses sarabandes, son énigmatique gigue à quatre temps, tout laisse à penser pour moi à un maître de premier plan qui mérite pleinement sa place au Parnasse ». © François Hudry/Qobuz