Singulier destin que celui de Hans Gál, né Autrichien en 1890, promis à une brillante carrière en Allemagne dès l’entre-deux-guerres, puis émigré au Royaume-Uni en 1938 pour des raisons que l’on imagine, et qui finit par s’installer à Edimbourg où il vécut jusqu’à sa mort à l’âge considérable de quatre-vingt-dix-sept ans – respecté comme pédagogue et organisateur, mais sans doute quelque peu oublié en tant que compositeur. Cet album présente plusieurs de ses œuvres de musique de chambre, couvrant un large éventail de sa vie créatrice. Le Quatuor avec piano de 1914 trahit encore l’ombre souveraine de Brahms, même si aucune mesure ne pourrait être de la plume du modèle, dans l’écriture pianistique, le foisonnement rythmique, les incessants contrastes et l’harmonie quand même teintée de la Vienne d’un Mahler ou du premier Schönberg. Les Trois Sonatines Op. 71 pour violon et piano de 1956 montrent un langage très épuré, sans plus l’ombre de Brahms, encore moins celle de qui que ce soit à cette époque – considérez que Boulez avait déjà frappé de son Marteau sans Maître deux ans plus tôt ! – qui pourrait s’apparenter à celui d’un Tansman mâtiné de Mendelssohn. Une musique légère qui n’a rien de « musique légère », mais écrite tout en transparence et en élégance. L’album se referme sur une rareté, inédite, la Sonatine en fa majeur de 1934, dont les caractéristiques ne sont pas tellement différentes des Trois Sonatines : une délicieuse « Hausmusik ». © SM/Qobuz