La personnalité noire, torturée et cruelle du prince Carlo Gesualdo reste inséparable de son œuvre pour les interprètes d’aujourd’hui qui, pour la plupart, s’efforcent de contextualiser sa musique pour essayer de l’interpréter avec le plus de réalisme possible. Les recherches musicologiques et historiques ont convaincu Paul Agnew que le double assassinat de sa première femme et de son jeune amant surpris en plein adultère n’avait eu que peu d’incidence sur la musique de Gesualdo.
La musique était sans doute la plus grande obsession de sa vie dès son plus jeune âge et son état psychologique particulièrement sombre allait de pair avec les recherches harmoniques de son temps, dans le sillage de Luzzasco Luzzaschi à la cour de Ferrare, un des principaux centres intellectuels et artistiques d’Italie.
Il poussera ces expériences à l’extrême dans les Troisième et Quatrième Livres de madrigaux. Ces deux nouveaux Livres révèlent (toujours selon Paul Agnew) une profonde mutation stylistique grâce aux poèmes choisis, souvent ferrarais, dont les mots sont lourdement chargés de sens. Plus de place pour des atmosphères galantes ou pastorales dans ces textes aux thématiques sombres, funèbres et même macabres pour certains d’entre eux.
Cet album représente une nouvelle étape dans l’interprétation du cycle des six Livres de madrigaux de Gesualdo par Les Arts Florissants, dans la suite logique de leur anthologie Monteverdi initiée par William Christie. © François Hudry/Qobuz