Diable, voilà une œuvre totalement inclassable, de la plume d’un compositeur qui ne l’est pas moins. Martial Caillebotte (1853-1910), frère de son frère Gustave – le célèbre peintre – était-il un musicien professionnel ou un amateur éclairé ? Elève du Conservatoire de Paris, il en sort sans trop se préoccuper de décrocher des diplômes ni, par a suite, de se trouver un travail de musicien puisque la famille est riche, très riche. Par ailleurs, la présence écrasante du frérot peintre a peut-être laissé Martial dans l’ombre ; toujours est-il que sa production – fort réduite en quantité : une vingtaine d’œuvres dans des genres très éclectiques – ne fut jamais vraiment éditée, ni même trop jouée de son vivant. Cette Messe solennelle de Pâques date de l’ultime maturité de Caillebotte, qui déploie un assez stupéfiant tapis de contrepoint tout en peaufinant des harmonies qui partent de Wagner (dont il était fan : deux pèlerinages à Bayreuth dont un en compagnie d’Auguste Renoir) pour aboutir à une sorte d’absence de tonalité dans des enchaînements toujours déroutants (dont certains que n’aurait pas renié le dernier Bruckner, voire Scriabine et même Chostakovitch !), toujours inattendus, parfois incongrus ou, du moins, incompréhensibles pour qui n’a pas un très solide bagage d’harmonie-contrepoint-fugue d’école. La version que présente Michel Piquemal à la tête du chœur Vittoria et de l’Orchestre Colonne fait appel à l’orgue, les cuivres, les harpes et les cordes en plus du chœur et des solistes, et il semble que c’est cette version, plutôt qu’une autre pour orchestre « complet », qui fut donnée du vivant du compositeur. Une découverte à découvrir… © SM/Qobuz