La principale différence entre les Quintettes pour piano, hautbois, clarinette, basson et cor de Mozart et Beethoven, c’est qu’ils se ressemblent fort... Classiquement juxtaposés sur les albums, on les compare plutôt au détriment de celui de Beethoven, considéré comme une œuvre de jeunesse alors que Beethoven a vingt-six ans au moment de la composition, en 1796. Tandis que celui de Mozart serait une œuvre de maturité – « Je le tiens pour ce que j’ai écrit de meilleur », écrit-il à son père en 1784 –, quand il n’affiche lui-même que vingt-huit ans.
Certes le développement chronologique de l’un et l’autre compositeur ne se compare pas. D’aucuns estiment que Beethoven pourrait ne pas avoir connu le Quintette de Mozart, inédit au moment où il écrivait le sien. Mais sachant que l’autographe de Mozart appartenait alors à un ami de Beethoven, et que le hautboïste Friedrich Ramm était dédicataire du Quatuor KV 470 – on sait qu’il interpréta le Quintette de Beethoven à ses côtés –, ce dernier a donc pu être quand même en contact avec l’œuvre de Mozart.
Par ailleurs, les parentés sont concrètes, comme si Beethoven s’était délibérément placé sous la bannière de Mozart au niveau tonal et formel. Sans parler des flagrantes références thématiques : l’Allegro du premier mouvement de Beethoven s’ouvre sur un thème de la comtesse des Noces de Figaro, le deuxième mouvement reprend clairement l’air « Batti, batti, o bel Masetto » de Don Giovanni, tandis que le Rondo du Finale est l’exacte citation de celui du Rondo du 22e Concerto de Mozart. Ce sont ces parentés que nous souligne en beauté l’Ensemble Dialoghi, jouant sur instruments d’époque, en particulier un fortepiano qui est une copie de Walter des années 1800, typique du son viennois d’alors. © SM/Qobuz