Johann Hermann Schein, Sebastian Knüpfer, Johann Schelle, Andreas Gleich, Johann Georg Ebeling, Johannes Kessel, Johann Rosenmüller – autant de noms qui ne vous seront probablement pas familiers, à moins que vous ne vous intéressiez particulièrement aux premiers compositeurs baroques allemands. Pourtant, tous jouissaient d’une excellente réputation à leur époque, et trois d’entre eux, Schein, Knüpfer et Schelle, ont été en fait des prédécesseurs de Jean-Sébastien Bach dans le noble rôle de ThomasKantor (directeur artistique du chœur de l’église Saint-Thomas) de Leipzig. La plupart des auditeurs connaissent encore moins la musique que ces artistes ont composée pour les services funéraires, car quand une musique a été créée spécifiquement pour un service, donc un événement donné, et qu’elle reflète les goûts et les choix de la personne décédée qu’elle honore, il n’est pas logique de la publier pour une audience plus large.
Par conséquent, la première remarque à propos de ce programme de musique funéraire allemande du XVIIe siècle de l’ensemble vocal bâlois Voces Suaves, dirigé par Johannes Strobl, est la richesse du répertoire inconnu présenté autour de son interprétation centrale des Musikalische Exequien de Schütz. Car si Schütz était si fier de cette œuvre de 1636, particulièrement ambitieuse tant sur le plan de la structure que du texte, composée pour les funérailles d’Henri II, comte de Reuss-Gera, qu’il a publiée à ses propres frais cette année-là, les motets de ses contemporains mentionnés ci-dessus ont été transcrits spécialement pour cet enregistrement, directement à partir des sources originales, la plupart d’entre eux étant enregistrés pour la première fois.
Les interprétations elles-mêmes ont plus que rendu justice à ce répertoire rare : des textures magnifiquement limpides tant dans le chant choral que dans l’accompagnement délicat du violon, du théorbe et de l’orgue ; des timbres vocaux clairs et éclatants, avec un son de soprano dans le registre supérieur particulièrement léger et pur, comme dans les motets de Gleich Selig sind die Toten ; une articulation nette et une interprétation sombre et sincère des textes dans leur ensemble. Ajoutez à cela le fait que le catalogue ne regorge pas d’enregistrements antérieurs, même du Schütz, et cet album est d’autant plus apprécié. ©Charlotte Gardner/Qobuz