Qui dit Viardot dit, a priori, Pauline – les autres membres de la famille s’étant fait des noms sous d’autres noms, comme son père Manuel Garcia ou sa sœur Maria Malibran. C’est oublier que Pauline enfanta d’un Paul (1857-1941), dont voici, aux côtés des Six Morceaux de sa mère écrits en 1868 – précisément pour son fils Paul –, une ample sélection d’œuvres, écrites entre 1890 et 1930. Oui, les Six Morceaux de Pauline Viardot portent sans doute encore les traces de Mendelssohn et de Chopin, tout en développant une harmonie au parfum si personnel, avec un surcroît de surprises et de ruptures particulièrement hardies et charmeuses. Par contre, la musique de Paul (qui vécut une intense carrière de violoniste-star mondial) témoigne de l’empreinte fin de siècle pour les plus anciennes – Introduction et Caprice de 1890 –, de celle du début du nouveau siècle « des salons » pour les suivantes, et pas du tout l’empreinte de l’Entre-deux-guerres pour les pièces plus tardives comme les Trois Petites pièces de 1929 dont le langage reste fermement ancré trois ou quatre décennies plus tôt. Saint-Saëns, avec qui les Viardot étaient très amis, Franck qui fut son professeur, Fauré qui faillit devenir son beau-frère, voilà les fondements de l’écriture de Paul Viardot, jusques et y compris à la fin de sa vie où il évita totalement les courants modernistes, restant résolument dans le giron très français de ses maîtres. Cela n’empêche pas que ce sont là des œuvres à découvrir avec délice, ici sous les doigts du violoniste Reto Kuppel qui fut longtemps premier violon solo de l’Orchestre de la Radio Bavaroise, accompagné au piano par Wolfgang Manz, lauréat du Concours Reine Elisabeth cuvée 1983. © SM/Qobuz