C’est en septembre 2018 que paraissait le premier volume de cette nouvelle intégrale des symphonies de Franz Schubert sous la baguette claire, précise et joyeuse, de Jan Willem de Vriend (présentant alors les Symphonies n° 2 et 4). Le deuxième volume tient largement ses promesses, avec aussi quelques maniérismes inattendus. Il faut dire que la Première Symphonie en ré majeur écrite par un Schubert de seize ans est touchante à plus d’un titre. Tout d’abord parce qu’elle est construite avec une assurance insolente, et aussi par sa manière désinvolte de citer, sans beaucoup se cacher, le thème initial de la grande Symphonie n° 40 en sol mineur de Mozart, mais en oscillant sans cesse entre les modes majeur et mineur avec un art subtil de la modulation que le compositeur autrichien gardera toute sa vie.
Avec la Troisième Symphonie, elle aussi en ré majeur, c’est plutôt Haydn, mort depuis six ans à peine au moment où Schubert se met au travail, qui semble être le modèle du jeune compositeur. Si la structure provient des « Londoniennes », les mélodies, elles, portent déjà la marque et les contours mélodiques du futur compositeur de La Belle meunière. À l’autre bout du corpus figure la Symphonie « Inachevée » écrite dans un langage radicalement différent, car entretemps, le classicisme s’est mué en un romantisme inquiet et une certaine lassitude semble régner autour de cette musique sublime, mais d’une mélancolie qui donne le vertige. Abandonnée par son auteur, comme tant d’autres œuvres qu’il laissa en chantier, elle semble pourtant se conclure dans la douleur et le mal de vivre, comme un magistral point d’interrogation sur nos pauvres destinées humaines… © François Hudry/Qobuz