« [...] Dans les Dodici sonetti di Camoes (2009/2017) s’entend, de façon fort stylisée, l’empreinte du fado portugais. Distincts par leurs styles vocaux et leurs combinaisons instrumentales – l’ensemble inclut guitare portugaise, guitare espagnole et contrebasse en référence au fado, mais aussi un accordéon et un cimbalom –, les sonnets partagent une même expressivité directe et sobre [...] qui n’éclipse pourtant pas leur dimension discrètement ludique. Le baryton Frank Wörner se meut comme un équilibriste sur ces lignes de crête entre chant et parlando, voix de poitrine et falsetto, sonorité pleine ou détimbrée, lyrisme ou caractère rituel. [...] Luigi Gaggero est aujourd’hui l’un des plus éminents joueurs de cimbalom, qu’il fait tinter dans le bref Pas perdu (2014), avec une clarté et une variété de timbres débordant largement l’image d’un instrument populaire de taraf roumain ; il projette manifestement ses qualités d’interprète sur l’ensemble qu’il dirige et dont il est aussi le cofondateur. Les sept miniatures de Lilolela (1994) s’adressent à un effectif de vingt-trois musiciens. On s’y délecte des trouvailles d’orchestration et d’une rare inventivité harmonique. [...] Gervasoni a trouvé avec le Ukho Ensemble un ambassadeur plein d’éloquence. » (Diapason, octobre 2018 / Pierre Rigaudière)