Tchaïkovski appelait Taneïev « le Bach » Russe, pour son attachement à l’art du contrepoint. Doit-on le prendre comme un compliment… toujours est-il que Taneïev est l’un de ces compositeurs plus respectés qu’appréciés, plus reconnus qu’écoutés : on le connaît surtout comme le disciple de Tchaïkovski et le maître de Rachmaninov et de Scriabine. Il est donc temps de remettre à l’honneur ses œuvres, et pourquoi pas commencer par ses quatuors à cordes, effectivement des chefs-d’œuvre d’écriture et d’architecture. Bien sûr, l’aspect richement contrapuntique entre quelque peu en collision avec le contenu « russe » qui, bien que présent d’un bout à l’autre, perd en intensité « populaire » ce qu’il gagne en richesse de traitement. Voilà donc des ouvrages difficilement classables, à la fois russes et germaniques ; le quatrième volume de cette intégrale, sous les doigts experts du Quatuor Carpe Diem, comporte les Neuvième et Sixième quatuors, respectivement 1883 et 1905 – l’incongruité de la numérotation par rapport aux dates est une bête affaire de chronologie de publication. Notez que le Sixième est le dernier quatuor achevé de Taneïev, un ouvrage puissamment pensé et fort intrigant, dans lequel il n’est pas interdit de voir quelques parallèles avec le Scriabine de la même époque, mais aussi, pourquoi pas, avec Richard Strauss… © SM/Qobuz