Qui dit « tango » dit, a priori, argentin, au même titre qu’un camembert ne peut être autre que normand. Même si l’un des plus célèbres tangos, Tango Jalousie, est l’œuvre immortelle d’un… Danois. Le présent album ne propose que des compositeurs dûment argentins, extrêmement célèbres dans leur monde, sans doute moins connus des auditeurs au-delà du Rio Paraná. De manière générale, ces personnages ont traversé le XXe siècle de part en part, comme Osvaldo Fresedo (1897-1984), Horacio Salgán (1916-2016), Julio de Caro (1899-1980), Vicente Greco (1888-1924 ; lui n’aura pas eu le temps de traverser grand’chose, hélas), Alfonso Lacueva (1904-1969), Lucio Demare (1906-1974) et quelques autres dont le plus révolutionnaire et avant-gardiste Juan Carlos Cobián (1896-1942). Naturellement, l’instrumentation traditionnelle du tango – le sexteto tipico – fait appel à deux bandonéons, piano, contrebasse et deux violons, mais toutes ces pièces nous sont ici données dans des réécritures pour quatuor à cordes, particulièrement habiles et idiomatiques, de sorte que l’ensemble original ne « manque » pas ; en réalité, il s’agit presque d’une translation de la musique vers un autre genre, le string quartet tango en quelque sorte. Aux commandes, le quatuor suisse Galatea Quartet, déjà très remarqué pour son premier enregistrement consacré à Ernst Bloch – à mille lieues de Buenos Aires ! En tous les cas, c’est là un délicieux moment d’accompagnement sonore d’une belle soirée. © SM/Qobuz