C’est sur une harpe double à trois rangs, copie de la célébrissime harpe Barberini des années 1625-1630, que la harpiste Flora Papadopoulos a choisi de nous faire entendre des transcriptions d’œuvres non pas adaptées du clavier ou du luth, comme on pourrait l’imaginer aisément, mais du violon. Car en effet, à l’époque baroque, il semble que la harpe ait aussi souvent servi d’instrument mélodique – en solo donc – que d’instrument harmonique – en continuo, sans doute. L’une des Sonates du Rosaire de Biber et une de Corelli constituent les piliers des « œuvres avec basse continue », de sorte que Papadopoulos n’a eu qu’à redistribuer la partie mélodique d’une part, la ligne de basse d’une autre, tout en ajoutant la réalisation du continuo selon sa fantaisie. Les choses sont un brin différentes avec la Sonate de Bach, puisqu’elle est conçue pour le violon solo… notre virtuose a donc choisi de mêler des versions de l’époque dans lesquelles se trouvaient rajoutées des voix – certains mouvements de la Sonate ayant alors été transcrits pour luth ou pour orgue – ou de « monnayer », si l’on veut, la polyphonie induite dans l’écriture pour violon solo en la redistribuant aux divers registres de la harpe. Enfin, à ceux qui se demandent à la lecture de ce texte comment une harpe double peut posséder trois rangs : deux rangs diatoniques à l’unisson, pour le volume, et un rang central avec les dièses et les bémols. Les deux rangs diatoniques sont considérés comme un seul. © SM/Qobuz