Le compositeur Arnold Griller (* 1937) vécut à Londres puis en Californie, et dans les deux cas il put côtoyer les plus célèbres musiciens de son temps, en particulier par le truchement de son mère, membre du célèbre Quatuor Griller. Malgré ces excellents auspices, la considérable production de Griller semble encore très peu connue. Ce premier volume d’œuvres orchestrales présente trois ouvrages majeures, une musique hautement individuelle, toujours contrastée entre des moments de fureur et d’énergie, d’autres d’un certain humour (qui n’est pas sans évoquer Jean Françaix), d’autres de profonde émotion. Parmi les influences majeurs, citons bien sûr son maître Milhaud, mais aussi Stravinsky et tout ce monde de l’Entre-deux-guerres et de l’immédiat après-guerre – tout sauf l’avant-garde des années 70, disons. Les trois œuvres présentées : Ensemble Seventeen, Distant Villa et le Concerto pour clarinette et cordes, semblent toutes plus ou moins se développer autour de l’idée de concerto. Ensemble Seventeen de 2001 pourrait évoquer, du moins sur le plan formel, le Concerto pour orchestre de Bartók, dans l’usage très virtuose des combinaisons instrumentales. Le magnifique Concerto pour clarinette et cordes, de 2014, porte les surtitres Aube, Printemps et Dans la nuit, sans plus de précision, sans doute des conceptions philosophiques ou personnelles du compositeur… Quant à la partition de Distant Villages, conçu comme un « Concerto pour altos, violoncelles, claviers et percussion à hauteur définie », elle offre à Griller l’occasion de démontrer sa grand maîtrise du contrepoint, des tonalités, des couleurs instrumentales : une fois les cordes seules entrées, dans un foisonnement d’idées sonores, le clavecin puis les percussions (xylophone, célesta, marimba et glockenspiel) viennent iriser le discours de mille facettes instrumentales de grande originalité. Oui, vraiment, Arnold Griller mérite largement que l’on se penche sur sa musique ; il est vrai que le personnage est discret au point de n’avoir ni site d’Internet, ni même à ce jour une page sur une quelconque encyclopédie participative, mais on attend quand même avec impatience le deuxième volume de ses œuvres. © SM/Qobuz