Né à Nuremberg en 1911, Franz Reizenstein appartenait à une famille de riches bourgeois juifs influents. Enfant prodige, il entre à la Hochschule de Berlin où il étudie la composition avec Paul Hindemith. Il fait partie de la cohorte de musiciens allemands ou autrichiens qui ont fui le nazisme pour se réfugier en Grande-Bretagne. Arrivé en 1934 dans un pays qui rejetait, à bon droit, tout ce qui venait d’Allemagne, Reizenstein s’est rapproché des tendances musicales anglaises en travaillant avec Ralph Vaughan Williams.
Après la guerre, il se fait connaître par le biais d’un humour décapant en écrivant de faux concertos désopilants pour les fameux concerts organisés par Gerard Hoffnung, autre compatriote réfugié lui aussi. C’est ainsi qu’on lui doit le Concerto Popolare, hilarant pastiche mêlant le Concerto de Grieg que le pianiste veut absolument interpréter, alors que l’orchestre joue celui de Tchaïkovski. Son Horrortorio de la même veine a, dans la conscience du public, définitivement classé ce compositeur comme la personnification du « British Humour ». Il écrira aussi quelques musiques de film.
Son Concerto n° 2 fut créé par lui-même lors d’un concert à la BBC en 1961. Son langage néo-classique pimenté de chromatisme oscille entre tonalité élargie et dodécaphonisme prudent. Mal reçue par la critique, l’œuvre n’a pas trouvé son public, ni la Sérénade, Op. 29a présentée ici dans un arrangement pour orchestre d’après l’original pour neuf instruments à vent. Le retour en grâce d’une certaine orthodoxie tonale du début du XXIe siècle va certainement favoriser la redécouverte de la musique de Reizenstein et de tous les compositeurs issus de cette mouvance. © François Hudry/Qobuz