De nos jours, Heinrich Schütz – aux côtés de ses deux amis et collègues du « trio des SCH », puisque les patronymes des trois commencent par ces trois lettres – est considéré comme l’un des compositeurs du premier baroque allemand les plus importants et influents, même si cette renommée lui échut déjà de son vivant. Pendant les quelque cinquante-cinq années où il servit comme maître de chapelle à la cour de Dresde, il fut un professeur vénéré et recherché, dont un grand nombre d’élèves poursuivirent ensuite de brillantes carrières. Chose plus rare encore, Schütz se préoccupait personnellement de « placer » ses élèves, ne ménageant ni son temps ni sa peine pour écrire des recommandations bienveillantes. Ainsi son influence sur la musique allemande du XVIIe siècle est des plus fondamentales, directement par ses élèves ou même par les disciples de ses disciples. Hélas, la majorité de ces disciples ne sont plus vraiment reconnus de nos jours : qui se souvient de Clemens Thieme (recommandé par Schütz au poste de maître de musique puis Kapellmeister de la nouvelle chapelle fondée par Moritz de Saxe), Johann Furchheim, Johann Vierdank (nommé organiste à la Marienkirche de Stralsund), David Pohle ou Johann Jacob Löwe (pourtant maître de chapelle à la cour de Wolfenbüttel en 1655) ? L’ensemble L’Arma festante, fondé en 1983 et grand spécialiste de la musique ancienne, s’est donc attelé à redécouvrir ces perles rares de compositeurs magnifiquement doués, et dont on ne peut que souhaiter que d’autres œuvres arriveront bientôt à nos oreilles. © SM/Qobuz