Au début du XXe siècle, la « musique hongroise » était encore héritée des magyareries de Brahms et Liszt, qui s’approchent bien plus d’un mélange de salon viennois et de thèmes tziganes. Il fallut attendre les recherches ethnomusicologiques de Bartók et Kodály pour que la « vraie Hongrie » folklorique fasse son entrée dans les partitions savantes. On ne s’étonnera donc pas que la Sérénade Op. 3 de Leó Weiner, de 1906, comporte encore bien des aspects brahmso-liszto-viennois, alors que plus on avance dans le temps, plus son langage hongrois (et roumain, puisqu’il s’agit de la Hongrie historique, dont une large partie orientale fut perdue à la Roumanie après la Première Guerre) se porte vers la réelle sonorité folklorique. Cela dit, à la différence de Bartók et Kodály, Leó Weiner maintient dans ses harmonisations, ses transcriptions, un esprit symphonique post-romantique (le même qui régit les explorations folkloriques d’un Enescu, par exemple), sans les recherches harmoniques des deux collègues hongrois qui, eux, se saisissaient du même fonds populaire pour en faire une musique toujours plus savante, plus avant-gardiste, plus moderne. Jusque dans les Quatrième et Cinquième (et dernier) Divertimentos de 1951, le ton reste romantique. Et ô combien délicieux ! C’est Neeme Järvi et l’Orchestre national d’Estonie qui officient. © SM/Qobuz